On fait deux fois plus de vélo à Angers qu’il y a dix ans

 

Entre 2012 et 2022, l’usage du vélo dans l’agglo a doublé. C’est ce que révèle la dernière étude des déplacements à Angers Loire Métropole, où 1200 ménages (2370 personnes) ont été interrogés.

Dans le même temps, la part modale de la voiture dans les transports a nettement diminué. L’étude est certifiée par le CEREMA, organe du Ministère de la transition écologique. Eléments d’analyse transmis par l’AURA (Agence d’urbanisme de la région angevine).

La tendance va clairement dans le bons sens, mais les chiffres nous montrent que la marge de progression est encore énorme au vu de l’urgence écologique. Car les transports routiers sont le premier facteur d’émission de gaz à effets de serre, sans oublier les émanations toxiques des moteurs à combustion.

En dix ans la part de la voiture a diminué dans les transports sur le territoire d’Angers Loire Métropole, en passant de 61% à 52% des déplacements. Soit une baisse de 14,7%. Et il y a un peu moins de voitures en circulation sur ALM : 72 véhicules pour 100 habitants, contre 76 en 2012  (-5%).

Une vraie dynamique vélo

L’évolution est beaucoup plus franche concernant le vélo : de 3% à 6% des déplacements. Carrément le double sur dix ans. Il faut tout de suite relativiser : le vélo partait de très bas… et la voiture de très haut. Bon point aussi pour ceux qui marchent : 26% des déplacements relevés en 2012, et 32% en 2022.

« Le vélo connaît une vraie dynamique » affirme l’AURA. La mobilité individuelle (nombre de déplacements moyen par personne et par jour) à vélo est passée de 0,12 à 0,19. Dans le même temps la mobilité individuelle en voiture est descendue de 2,34 à 1,66. A pied elle augmente très légèrement.

En attendant un vrai réseau de tram

La progression des transports en commun est faible, passant de 8% à 9% des déplacements.

En extrapolant les courbes, la part modale du vélo pourrait donc dépasser celle des transports en commun d’ici quelques années. Mais l’ouverture l’été prochain d’un véritable réseau de tramway devrait encourager un recours plus important aux transports collectifs au-delà des utilisateurs majoritaires, les scolaires et étudiants.

La durée des déplacements a aussi été un critère relevé par l’étude. Et il est intéressant de noter que les temps moyens de trajets (internes à l’agglo) sont quasi identiques en voiture et à vélo : 14mn pour le cycliste et 15mn pour l’automobiliste. Contre 13mn dans les deux cas en 2012.

Toujours les petits trajets en voiture

Sur les distances, c’est la bascule complète suivant qu’on fait moins ou plus de 1km. En-dessous du km c’est la marche à pied pour 86% des déplacements, contre 10% à la voiture. Au-delà du km c’est 14% à pied et 66% en voiture. A partir de 3km c’est le quasi abandon de la marche, et le règne de l’automobile (74%). On sait depuis longtemps que ce sont ces petits trajets de quelques km qui pour la plupart encombrent inutilement la circulation urbaine. Alors que la moyenne du trajet effectué à vélo dans l’agglo est de 2,9km, en plein dans la zone d’inconfort pour l’automobiliste qui refuse de lâcher sa voiture.

Sont aussi répertoriés les motifs de déplacements, en premier lieu le travail (ou les études) : on retrouve là à égalité (28% de part modale chacun) vélo et voiture. 

L’intermodalité au point mort

Seulement 2% des déplacements sont intermodaux c’est-à-dire utilisent plus d’un moyen mécanique de déplacement (vélo compris). On est encore loin d’une utilisation massive de parkings relais avec les transports en communs, les vélos dans les box sécurisés ou pliés dans le coffre de la voiture.

Des déplacements intra-ALM majoritairement dus à ses habitants

92,4% des déplacements des habitants d’ALM se font à l’intérieur de l’agglo. Sur un peu plus d’un million de déplacements quotidiens vers et dans ALM, seulement 17% proviennent des 5 autres communautés de communes

Quelles conclusions ?

Quelles conclusions tirer de tout cela ?

  • Que l’élan est donné par les usagers, et qu’il n’y a que des avantages à l’encourager sous réserve des biais liés à la période d’enquête
  • que le goût de la marche pourrait bien imposer la piétonnisation du centre d’Angers avant que la Ville ne se décide à le faire
  • que le vélo, fort d’une progression spectaculaire, laisse loin derrière lui le souvenir d’un moyen de déplacement marginal
  • qu’il y a encore du pain sur la planche pour convaincre l’automobiliste de lâcher le volant sur les petits trajets
  • que c’est d’abord à l’échelle de l’agglo qu’il faut concentrer les efforts pour y réduire les déplacements motorisés

Cette enquête ne porte que sur les pratiques actuelles des habitants mais ne permet pas de poser les bases d’une stratégie politique pour définir et planifier les orientations d’aménagement à prendre très rapidement face à l’urgence climatique.

Jean-Michel

Lien vers l’enquête : 

https://www.aurangevine.org/fileadmin/user_upload/Production/Publications/Publications/Vies_mobiles_10_emc2.pdf

Si l’enquête ménages de 2012 se limitait au périmètre de l’agglo, la dernière couvrait un territoire beaucoup plus vaste, du Segréen à la vallée de l’Authion, et du Baugeois au Layon. Pas de surprise sur ces zones rurales périphériques : la voiture y est toujours largement dominante. Mais le vélo fait tout de même 3% des déplacements dans le Segréen (ABC) et en Baugeois Vallée (BV). C’est-à-dire autant que l’agglo il y a dix ans.

Le vélo tient très bien la corde jusqu’à 5km de distance. Au-delà il diminue progressivement pour devenir insignifiant après 10km.