L’état déplorable du revêtement de la Vélofrancette n’est pas la meilleure image qu’Angers offre aux cyclotouristes arrivant en ville par le nord via l’île St Aubin. Mais cet itinéraire longeant la Maine est aussi de plus en plus fréquemment utilisé par les cyclistes au quotidien, venant de Cantenay-Epinard par exemple. Et à proximité du CHU, il devient un enjeu de desserte locale du plus gros employeur du département. Il était grand temps de s’attaquer à un aménagement digne de ce nom du secteur de Reculée, également très attendu par les riverains.

Le programme « Rives vivantes », lancé par la Ville d’Angers et confié en délégation à ALTER, concernera plusieurs km des deux rives de la Maine, aujourd’hui mal mises en valeur. Et il avance bien sur la rive droite. Après plusieurs échanges en 2021 avec riverains et associations, un avant-projet pour aménager la partie entre le CHU et le pont de Segré a été présenté publiquement, pour des travaux prévus entre la fin 2022 et le début 2024.

Malgré des incertitudes sur la finalisation de quelques aménagements, et un point encore très discutable, on peut attendre de ce projet une nette amélioration des conditions de déplacement des piétons et des cyclistes. Rappelons qu’il s’agit de l’accès nord d’Angers pour la « Vélofrancette », la véloroute Ouistreham-La Rochelle, de plus en plus fréquentée en saison, qui est de plus en plus d’une axe intéressant fortement les déplacements domicile-travail, en desservant le CHU, où travaillent plus de 6000 personnes.

Globalement ce sera moins de voitures en circulation comme en stationnement, des vitesses réduites, un apaisement général avec des aménagements respectant la nature des lieux, favorisant la promenade comme les activités nautiques. Et pour le vélo une continuité enfin prise en compte sur des espaces adaptés (voie verte, piste cyclable ou vélorue) à l’écart d’un flux promeneurs prévu au plus proche de la rivière.

Le traitement varie d’un bout à l’autre de cet itinéraire de 1,7km, en fonction des  contraintes et des attentes. On peut distinguer quatre parties d’amont en aval : St Aubin, Les Platanes, le secteur des activités nautiques, et celui du CHU au plus proche du centre-ville.

  • Le secteur St Aubin. Entre le pont de Segré et le pont Jean Moulin, ce sera 450m en voie verte, donc en partage entre piétons et vélos, ce qui va permettre d’oublier les ornières et la boue. Nous avons toutefois des craintes sur la sincérité de cet aménagement en voie verte : les deux adjoints au maire qui présentaient publiquement l’avant-projet le 1er février n’ont pas clairement exclu la présence de voitures sur cette portion, sensibles à des habitudes prises depuis longtemps par pique-niqueurs et pêcheurs. Mais l’article R100-2 du code de la route est clair : la voie verte est une « route exclusivement réservée à la circulation des véhicules non motorisés, des piétons et des cavaliers ». On compte bien que le code de la route soit respecté. Le contraire serait très discutable.

A noter que dans le prolongement de cette voie verte, le Département est en train de refaire au nord de l’île St Aubin le chemin de halage, qui en avait grand besoin.

  • Le secteur des Platanes. Ou village de Reculée. Le plus long avec ses 650m. Actuellement inconfortable pour les cyclistes du fait de mauvaises chicanes et d’un manque d’entretien, il va être transformé en vélorue: circulation en sens unique (sens sortant, en direction de l’île St Aubin) avec contresens cyclable et traitement de surface signalant à l’automobiliste qu’il n’est plus chez lui, et que le cycliste a toute légitimité pour rouler devant la voiture qui n’aura pas forcément la place de doubler. Le trafic voitures fera l’objet d’une dissuasion en règle, et sera donc interdit dans le sens entrant.

Les riverains ont donné un avis favorable pour qu’avant le lancement des travaux, le sens unique en vélorue de la section des platanes fasse l’objet d’une expérimentation, qui est en cours du printemps à l’automne 2022 (photo) : donnez-nous votre avis.

  • Les activités nautiques. Une longueur de 300m. Ici commence la piste cyclable double sens, qui se poursuivra dans la section du CHU. Côté rivière pour éviter les stationnements le long des habitations, mais indépendant du chemin piéton en contrebas. Nous serons très attentifs au raccordement, au débouché de la rue Bocquel, entre les deux systèmes : la vélorue où le vélo circule de chaque côté de la voie, et cette piste double sens d’un même côté. Si le plan de circulation du quartier va réduire le flux voitures, il y aura tout de même un chassé-croisé à gérer.
  • Le secteur du CHU. La dernière longueur, de 300m également. La piste bi-directionnelle se prolonge jusqu’au niveau de la station de tram, où l’esplanade d’entrée du CHU fonctionnera largement en espace partagé. Et on ne verra plus comme aujourd’hui de voitures chevaucher impunément espaces cyclables ou bordures en relief. Quelques détails restent à préciser, comme le passage du vélo sur le côté droit de la chaussée en direction du centre-ville quand on arrive sur les feux, l’opportunité au même niveau d’une file de tourne à droite vers le Bd Daviers pour les voitures sortant du CHU, ou encore la largeur de la piste double sens à proximité de l’arrêt de tram, où il faudra compter avec une certaine densité de piétons.

Ce secteur sera d’autant plus animé que la Ville va faire revivre la guinguette à côté du Club nautique.  Succès assuré à portée immédiate du personnel comme des visiteurs de l’hôpital, et avec vue imprenable sur la Maine.

Sur la rive gauche aussi

Le programme Rives vivantes intéressera aussi – un peu plus tard – la rive gauche de la Maine sur 2km répartis de part et d’autre de Cœur de Maine : le long du quartier St Serge dans sa portion la plus longue, ainsi qu’en contrebas du château. Alors que l’objectif de rapprocher les habitants de la rivière reste assez accessible sur la rive droite, il est ici fortement hypothéqué par la présence d’une route départementale à quatre voies, coupure urbaine majeure à surmonter. L’accès des promeneurs au bord de l’eau est prévu, mais aussi la traversée des têtes de pont par piétons et cyclistes par des itinéraires continus, aujourd’hui quasi inexistants.