La transition écologique arrivera en centre ville avec moins de voitures, plus de rues piétonnes, et des vélos dans le parking du Ralliement.
Va-t-on en finir avec une pression automobile d’un autre âge en plein centre d’Angers ? Le conseil d’agglomération a voté mi-avril (à l’unanimité moins une abstention) un « contrat de transition écologique » de 300M€. Logiquement, ça devrait signer la fin de la queue de voitures encombrant les rues qui convergent vers l’entrée du parking du Ralliement.
Car même si la lutte contre gaspillages et pollutions concerne toute l’agglomération, on peut espérer que la belle vitrine qu’est le centre d’Angers ne va pas rester à la traîne dans le mouvement général. Rendre le sol aux piétons n’est plus un rêve aujourd’hui.
On est pourtant sérieusement à la traîne pour la piétonnisation du centre ville, pratiquement à l’arrêt depuis 40 ans. Au lieu de poursuivre sur la lancée des premières rues débarrassées des voitures, sous le premier mandat de Jean Monnier, on a préféré construire et plus tard agrandir le parking souterrain du Ralliement. Et c’est une réussite, au vu de l’attente à certaines heures devant l’entrée du parking, avec la lente file de voitures qui intoxiquent généreusement le Carrefour Rameau.
Dans le même temps, les piétons n’ont pas trop d’espace sur les trottoirs de la rue Voltaire, l’une des plus actives commercialement. Car l’aspirateur à voitures du Ralliement a besoin de tout un réseau de voies alentour, et pas seulement de la rue Voltaire, pour assurer son remplissage.
Un partage de l’espace à revoir
Il y a une douzaine d’années, la première ligne de tramway a libéré la place du Ralliement de la circulation motorisée. Le réseau complet de tramway qui va drainer tous les grands quartiers périphériques à partir de 2023 va augmenter la fréquentation du centre à pied, et bénéficier à l’activité commerciale. Plutôt que d’attendre les débordements de piétons sur la chaussée, on peut anticiper un autre partage de l’espace.
Le rééquilibrage en faveur des piétons passe nécessairement par une réduction de la circulation sur les voies menant place du Ralliement, en parallèle avec une piétonnisation élargie des rues alentour. On n’imagine pas pouvoir faire l’un sans l’autre.
Moins de voitures convergeant vers le Ralliement, voilà qui va faire de la place dans le parking souterrain, qui pourra alors accueillir des vélos, comme d’autres parkings en ouvrage de la ville. Seulement voilà… entièrement refait et agrandi en 2009, le parking du Ralliement présente l’originalité d’être inaccessible aux vélos (1), malgré nos demandes à l’époque. On peut à la rigueur y descendre avec des freins en bon état, mais la rampe de sortie vers la rue St Maurille est trop raide pour remonter autrement qu’à pied en poussant le vélo à la main, gênant les voitures derrière. Les ascenseurs ? Leur format n’a pas été prévu pour y faire entrer un vélo.
Un accès vélo par ascenseur ?
Pour éviter des travaux trop lourds sur les rampes d’accès, c’est sans doute avec un autre ascenseur qu’on doit pouvoir ouvrir l’accès aux vélos. Eventuellement un système de rangement automatisé accessible depuis la surface, comme on en voit au Japon ou aux Pays-Bas. Ou un ascenseur long comme celui récemment installé dans un centre commercial de Lille desservant 150 places pour vélos en sous-sol. Les élus d’Angers Loire Métropole nous demandaient récemment si nous préférions envisager du stationnement sécurisé en diffus ou en massif. La réponse s’impose place du Ralliement : stationnement massif au premier niveau du parking souterrain.
150 places pour vélos n’occuperaient pas plus d’espace qu’une vingtaine de voitures. Ce qui devrait intéresser les employés des commerces et des services travaillant dans le centre, mais pas seulement : on connaît les difficultés du stationnement vélo dans l’habitat ancien, et bien des riverains trouveraient là l’endroit où garer leur monture en sécurité. Et pour certains ce serait l’occasion de lâcher la voiture qu’ils ont bien du mal à garer au profit d’un vélo, voire d’un vélo-cargo, de plus en plus apprécié des familles. Et pourquoi pas à assistance électrique avec l’aide de 200€ (400€ pour un vélo-cargo) accordée par Angers Loire Métropole (2). Rendre le stationnement plus confortable qu’à l’extérieur encouragera aussi à venir faire ses courses à vélo, été comme hiver.
Tout cela sans dommage pour la fréquentation des commerces, bien au contraire (des commerces eux-mêmes en partie livrés par vélo-cargos). Le piéton restera toujours le premier des clients, quel que soit son moyen de déplacement jusqu’au centre, devenu plus respirable. Et tout achat lourd ou encombrant peut faire l’objet d’une livraison. Ce qui suppose évidemment quelques changements d’habitudes.
Notre belle ville d’Angers a tout à y gagner.
Jean-Michel
(1) Alors qu’on peut garer son vélo dans les parkings des Halles, Molière, St Laud ou Bressigny.
(2) Et l’encouragement à lâcher une voiture polluante pour un VAE ou un vélo-cargo qui vient de passer dans la loi Climat et résilience